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Le point marchés financiers - Avril 2021

D’une ampleur sans précédent, la crise sanitaire que nous traversons impacte profondément nos économies ainsi que les marchés financiers. Pour mieux vous accompagner, nous avons décidé de vous partager de façon régulière notre sélection des principales informations économiques et notre analyse des marchés financiers.



Etats-Unis

Le président des États-Unis, Joe Biden, a présenté mercredi dernier un plan d’investissement dans les infrastructures de 2 000 milliards de dollars sur huit ans. Il prévoit de financer en partie ce plan grâce à une augmentation du taux d’impôt sur les bénéfices des sociétés. La secrétaire d’État au Trésor, Janet Yellen, l’équivalent américain du ministre de l’Économie, a déclaré lundi travailler avec les pays du G20 (les 20 principales puissances économiques de la planète) « pour convenir d’un taux d’imposition mondial minimum sur les sociétés ».


Air France

La Commission européenne a annoncé mardi avoir approuvé une « recapitalisation » de près de 4 milliards d’euros du groupe de transport aérien Air France-KLM par l’État français afin de l’aider à faire face aux difficultés financières liées au Covid-19. Au terme de l’opération d’augmentation de capital prévue par le gouvernement, l’État français deviendrait le premier actionnaire du groupe avec un peu moins de 30 % du capital.

Prévisions

Le Fonds monétaire international (FMI), un organisme chargé de garantir la stabilité financière mondiale, a annoncé mardi revoir à la hausse ses prévisions de croissance. Il table désormais sur une croissance du PIB mondial (la production totale de biens et de services) de 6 % en 2021 (au lieu de 5,5 % pour sa précédente estimation) puis de 4,4 % en 2022 (au lieu de 4,2 %). Cette croissance sera portée par la reprise en Chine et en Inde, ainsi que par les mesures de soutien à l’économie prises aux États-Unis, prévoit le FMI.

Prêts

La Fédération bancaire française, qui réunit les entreprises du secteur, a annoncé mardi que plus de la moitié des entreprises ayant bénéficié du dispositif de prêt garanti par l’État (PGE) ont opté pour une année supplémentaire avant de commencer à rembourser leur prêt. Adopté au printemps 2020 pour aider les entreprises à traverser la crise liée au Covid-19, ce dispositif leur permet d’obtenir un prêt bancaire que l’État s’engage à couvrir en cas de défaillance à hauteur de 70 % à 90 %. Au 19 mars, 670 000 entreprises avaient bénéficié d’un PGE pour un montant total de 136 milliards d’euros.


Le Cantonnement de la dette

Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a déclaré, lors d’un débat à l’Assemblée nationale, que le remboursement de la dette publique liée au Covid-19 devrait s’appuyer sur « quatre piliers » : « la croissance, le rétablissement des finances publiques, le cantonnement de la dette et les réformes de structure ». Il a estimé que l’État devait isoler cette dette « par souci de transparence » et pour « savoir exactement quelle est la part de la dette qui correspond aux dépenses qui nous ont été imposées par la crise ». La Commission pour l’avenir des finances publiques, un comité d’experts composé d’économistes, de hauts fonctionnaires et de chefs d’entreprise, avait publié jeudi dernier, à la demande du gouvernement, un rapport dans lequel elle recommande de ne pas cantonner la dette publique de la France liée au Covid-19. Les auteurs de ce rapport estiment que cela « reviendrait à s’imposer une contrainte de calendrier pour éteindre cette dette alors qu’elle est dans les faits plus légitime » que les dettes antérieures.

Le principe du cantonnement

La dette publique – État, collectivités, Sécurité sociale – est issue des déficits accumulés d’année en année. Elle est en majeure partie matérialisée par des obligations émises par l’État sur les marchés financiers. L’État rembourse ses dettes grâce à un excédent de ressources (impôts, recettes de privatisations, etc.) ou en émettant de nouvelles obligations. Le cantonnement de la dette publique consiste à en isoler une partie et à la faire détenir par une entreprise ou par un organisme qui peut avoir été spécifiquement créé dans ce but, explique la Banque de France sur son site. Ce mécanisme vise à amortir, c’est-à-dire rembourser sur la durée, une partie de la dette publique jugée exceptionnelle comme celle liée au Covid-19. L’entreprise ou l’organisme rembourse la dette qu’il détient grâce à des revenus qui lui sont affectés. Il peut s’agir d’une ressource nouvellement créée comme une taxe ou un impôt ou d’une ressource déjà existante, par exemple un impôt dont une partie est réaffectée.


L’intérêt du cantonnement Le cantonnement de la dette liée au Covid-19 est « de nature à rassurer les investisseurs sur la maîtrise de la trajectoire d’endettement à long terme », avancent dans un article publié en janvier Agnès Bénassy-Quéré, chef économiste du Trésor, une branche du ministère de l’Économie et Anthony Requin, directeur général de l’Agence France Trésor, le service chargé de gérer la dette et la trésorerie de l’État. Ce type de mécanisme permet « de repousser à long terme » le remboursement d’une dette exceptionnelle, explique la Banque de France sur son site. Selon François Ecalle, l’intérêt d’un tel mécanisme est avant tout « politique » : « Il s’agit de distinguer une dette Covid dont personne n’est responsable et la dette historique dont tous les gouvernements jusqu’à début 2020 sont responsables. Cette distinction pourrait aussi être utile dans nos discussions au sein de I’Union européenne ».


Les risques du cantonnement de la dette Dans la pratique, l’État français ne rembourse pas sa dette, il la « roule », c’est-à-dire qu’il emprunte de nouveau pour rembourser les dettes venues à échéance. Or, un mécanisme de cantonnement s’accompagne généralement de la création d’une nouvelle taxe ou d’un nouvel impôt pour permettre un remboursement échelonné. Les économistes français Gaël Giraud, Nicolas Dufrêne et Oriane Wegner, estiment dans un article publié en novembre 2020 que « cette “solution”, comme toutes les solutions de “cantonnement”, pèsera encore davantage sur l’économie française que s’il s’agissait d’une dette publique “pure” que l’on peut faire rouler indéfiniment ». À la suite du transfert de nouvelles dettes à la Cades en 2008, le gouvernement lui avait réaffecté une partie de la CSG, un prélèvement appliqué à tous les revenus pour financer la Sécurité sociale, privant ainsi « la Sécurité sociale de recettes courantes », note l’économiste français Michaël Zemmour dans une interview au mensuel Alternatives économiques publiée en juillet 2020.



Bruno Le Maire a réaffirmé devant l’Assemblée nationale qu’une hausse des impôts n’était pas prévue et a envisagé l’affectation d’une partie de l’impôt sur les sociétés au remboursement de la dette liée au Covid-19.


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